Depuis une expérience ayant mal tournée lorsqu'il était étudiant, William voit, partout autour de lui, les petits démons qui tourmentent les êtres humains, l'envie, la culpabilité, la mesquinerie, la lâcheté... Assailli sans relâche par le spectacle du mal ordinaire, il mène sa vie sans trop y croire entre divorce, poésie, alcool et falsification d'éditions originales...
Comme toujours à la limite entre le fantastique et la littérature classique, William Heaney alias Graham Joyce nous fait partager avec talent et subtilité la vie de toute une petite tribu de personnages aussi originaux qu'attachants dans le Londres d'aujourd'hui. Et à travers la rédemption de son héros incapable d'ignorer la noirceur du monde, c'est aussi la vie de son lecteur qui sera réenchantée.
Dans cette Argentine des années 50, il est devenu bien dangereux de refuser quoi que ce soit au gouvernement ; aussi, quand le Ministère de l’Occulte charge le jeune apprenti journaliste Santiago de se renseigner sur les mystérieux «Antiquaires», refuser n’est pas vraiment une option. Au fil de ses investigations, il va cependant découvrir qu’il existe des choses beaucoup plus anciennes et plus mystérieuses que les barbouzes ou l’administration, et dont la soif de sang est bien plus littérale. Reste à déterminer quel parti est le moins mal intentionné...
L’argentin Pablo de Santis s’approprie totalement le mythe du vampire pour l’ancrer dans l’histoire de son pays. A travers la nostalgie de ces immortels «Antiquaires», qui s’entourent de vieux objets pour mieux se tenir à l’écart du monde extérieur, c’est aussi à l’inexorable passage d’un supposé Age d’Or à une Modernité implacable, traumatisme que vivent paradoxalement toutes les générations, qu’il nous invite à réfléchir.
De la préhistoire aux années 90 en passant par le haut moyen-âge, Northampton a toujours été le théâtre d’événements étranges et inquiétants, d’histoires devenues mythiques qui ont façonnées le visage de la ville et de ses habitants...
Pour une de ses (trop) rares incursions dans le roman, le légendaire auteur de comics Alan Moore rend hommage à sa ville natale à travers 12 histoires aussi sombres qu’originales. Et force est de constater que son génie est tout aussi présent sous cette forme !
Longue de plusieurs kilomètres, la carcasse pétrifiée de Griaule domine toujours la région qui l’a vue être vaincu par un sorcier il y a des siècles. Mais le dragon n’a pu être complètement anéanti, et son influence pernicieuse pèse toujours subtilement sur les habitants de la vallée...
Le globe-trotter Lucius Shepard nous livre ici ce qui est sans doute son meilleur recueil de nouvelles, voire son meilleur travail tout court. Inspiré par l’influence corruptrice sous-jacente des Etats-Unis en Amérique du Sud, Shepard nous dépeint des destins souvent tragiques, ses personnages se débattant sans cesse dans l’écheveau de machinations du terrible Dragon Griaule...
Éloigné d'Angleterre en raison de son intérêt jugé douteux pour la compagnie des petites filles, Lewis Carroll se retrouve exilé à Novascholastica, petite île perdue au cœur de l'océan indien. Et tandis que sa mission d'exploration vire à l'aventure picaresque, la jeune indigène Kématia se réveille perdue dans le monde des rêves de son peuple. Des rêves... ou des cauchemars.
Oscillant entre les tribulations de Carroll et l'étrange et onirique quête d'initiation de Kématia, Jérôme Noirez cisèle un petit miracle d'équilibre et de subtilité, et nous dépeint un "pays" qui, s'il contient bien quelques merveilles, est infiniment plus macabre et dérangeant que celui d'Alice.
Pénétrer dans le château de Gormenghast, c’est découvrir un monde à part, avec ses traditions et ses coutumes propres. Là vivent quasiment en vase clos la famille du Comte d’Enfer et leurs suivants, galerie hétéroclite de personnages pour le moins hauts en couleur mais aux rôles parfaitement définis. Car si les habitants de Gormenghast sont tous passablement excentriques, ils n’en vivent pas moins dans un univers figé, sclérosé... du moins jusqu’à la naissance de Titus, le pourtant supposé héritier du château et garant de ses traditions. Mais si Mervyn Peake tisse, sous couvert de monde imaginaire, une fresque implicitement contestataire à l’égard de son pays et de ses habitants, il le fait tout de même avec un ton profondément british. Tour à tour gothique, surréaliste, grotesque et merveilleux, aussi triste qu’amusant, Gormenghast est un des joyaux cachés du fantastique anglais.
Qui aurait cru que le secret de la vie éternelle se trouvait au fin fond de l’Arizona ? Certainement pas ces quatre étudiants de Nouvelle-Angleterre, du moins jusqu’à ce que l’un d’eux tombe sur le Livre des Crânes. Mais quand la jeunesse américaine des années 70 se lance à la poursuite de l’immortalité, elle doit d’abord se confronter au cynisme et au matérialisme qui la gangrène, aux pulsions et aux secrets qui se dressent entre elle et l’ultime récompense. Alternant leurs points de vue pour nous plonger profondément dans la psyché de ces quatre garçons mal assortis, arrivés à une période charnière de leur vie, Silverberg livre une de ses œuvres les plus ambitieuses, un sombre roman iniatique qui ne laissera ni ses protagonistes ni son lecteur en ressortir indemne. Car bien après avoir refermé ce livre, les images invoquées, les interrogations et les remises en question qui secouent profondément nos quatre compagnons de voyages continueront de nous hanter. Le crâne toujours là, juste derrière le visage...
Entièrement consumé par sa poursuite obsessionnelle de l’immortalité, le vieil alchimiste Nestor Institoris y a sacrifié sa vie, sa santé physique (et mentale ?), sa fortune et même jusqu’à sa famille. Mais aucun de ses fils adoptifs ni de ses filles ne se doute à quel point...
Les plongeant dans les eaux les plus troubles que pouvait receler le monde occulte de l’alchimie en cette fin de XIXème siècle, Kai Meyer expose brutalement ses jeunes protagonistes à de stupéfiantes révélations autant qu’à de terribles mystères. Et pourtant, ce sont ces personnages eux-mêmes qui surprendront le plus le lecteur, leurs comportements comme leurs décisions nous entrainant toujours dans des directions aussi inattendues pour nous que parfaitement cohérentes avec la psyché complexe et torturé des fils et filles de l’alchimiste.
Partagé entre la peplexité et l'émerveillement, on se laisse volontiers prendre dans les filets de la fascinante cité d'Ambregris, ville aux coutumes étranges, aux moeurs amusantes et aux secrets sinistres. Tandis que Vandermeer nous fait passer avec une habileté confondante des éclats de rire aux frissons d'horreur, multipliant les formes de récit (nouvelles bien sûr, mais aussi traité historique, brochure touristique, rapport psychiatrique ou encore étude sur le calamar d'eau douce) particulièrement mis en valeur par une édition très soignée, on se laisse gagner par la folie douce qui imprègne Ambregris et ses habitants avec une délectation coupable.