Lorsque Nick Belsey, flic plus que borderline criblé de dettes, retrouve le cadavre d'un oligarque russe dans sa villa, il y voit la porte de sortie idéale. Endossant l'identité du mort, il va plonger dans les eaux troubles de la finance internationale...
Oliver Harris nous propose une exploration des mécaniques les plus sombres de l'économie mondiale qui ne vire jamais au documentaire grâce à un style superbe et une intrigue au cordeau. Et que dire de son "héros"...
Pas de papiers, pas de maison, pas de voiture, c'est avec tout juste un jean et un T-shirt que Jack Reacher parcourt les États-Unis. Il a néanmoins un compte en banque, pour toucher sa retraite de l'armé ; et c'est par ce biais qu'il va être contacté par les membres de son ancienne unité, chargée d'élucider les crimes mettant en cause des militaires et désormais prise pour cible...
Ce roman du britannique Lee Child est entièrement à l'image de son héros : allant toujours droit à l'essentiel, musclé, et bien plus intelligent qu'il n'y parait. Cet opus permet également de découvrir ses anciens collègues, tout aussi hauts en couleurs et efficaces, dans une enquête sans compromis.
Quand on évoque le Yorkshire des années 70, on pense tout de suite au fameux Eventreur, serial killer tristement célèbre en Angleterre. Mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg... Le bien mal nommé David Peace commence ici sa tétralogie consacré au Nord de son enfance qui au fil des tomes (1974, 1977, 1980, 1983) verra s’entremêler les destins et les exactions de très nombreux personnages tandis que se succéderont les années et les personnages principaux. N’hésitant jamais à s’enfoncer jusqu’au cou dans la noirceur et la violence tout en ciselant un style à l’emporte-pièce dont la cruauté n’a d’égale que le lyrisme, il donne à ses romans un souffle, une puissance qui vous hantera longtemps après les avoir lus.
Pour avoir oser prétendre dénoncer certains responsables politiques corrompus, l’inspecteur chinois Shan Tao Yun est envoyé dans un camps de rééducation au Tibet. Mais lorsqu’un cadavre est découvert près du camps, les autorités locales n’ont pas d’autre choix que de faire appel à lui...
Spécialiste de l’international pour diverses entreprises, l’américain Eliot Pattison nous fait découvrir un Tibet loin des cartes postales et des clichés. A travers son héros, chinois déchu qui finira par prendre le parti des autochtones, il nous donne à voir un pays complexe qui malgré toutes ses souffrances a su conserver son âme intacte.
Si New York ne compte que 86 District, la Ville, elle, en possède un de plus. La brigade en charge du 87ème district, ce sont des policiers ordinaires, faillibles, aux vies privées pas toujours faciles, qui font simplement de leur mieux pour aller au bout de leurs enquêtes. Juste des flics.
S’étalant sur près d’un demi-siècle, la saga du 87ème District nous immerge comme jamais au sein d’un commissariat mais nous rend aussi témoin de l’évolution de la ville et par là de la société américaine. Son approche collégiale et son intérêt pour la vie privée de ses personnages ont été la principale inspiration des innombrables séries TV policières qui occupent nos écrans depuis les années 80.
A l’image de son pays, l’apparemment parfait super-flic Martin Beck n’est pas exempt de zones d’ombre. Mais cette ombre ne pèse pas lourd face à la noirceur des crimes qu’il doit élucider, sordides, violents et amoraux, symptomatiques d’une Suède à la modernité cruelle.
En choisissant le roman policier pour démonter la société prétendument idyllique de la Suède des années 60, le couple Maj Sjöwall et Per Wahlöö a montré la voie à toute la littérature noire scandinave, lui donnant la noirceur et la dimension sociale qui allaient conduire leurs héritiers à connaître un succès aujourd’hui mondial.
Né en 1931 au sein de la grande bourgeoisie anglaise, envoyé faire ses études à Eton, Robin Cook semblait mal parti pour renouveller le roman noir britannique. Mais il tourne très vite le dos à son milieu pour parcourir le monde au gré de divers boulots plus ou moins légaux. Son cycle de L’Usine, du surnom du commissariat qui abrite le Service des décès non éclaircis, est d’ailleurs consacré aux laissés-pour-compte, aux marginaux, à ces victimes qui n’intéressent personne, si ce n’est le héros anonyme de la série. C’est aussi l’occasion de découvrir la face sombre d’un Angleterre dont Robin Cook connaît aussi bien l’aristocratie que les dealers.
Policier presque par accident, divorcé, porté sur la boisson mais aussi la littérature, l’inspecteur Mario Conde a tout du flic de roman classique. Sauf que Conde mène ses enquêtes à Cuba ; et cela change tout. Appartenant à une génération qui n’a pas vécu la Révolution mais en a subi toutes les retombées, il traîne sa mélancolie au fil d’enquêtes aux ramifications révélatrices de la face sombre de son île.
Le coeur de la série, ce sont ses quatres premiers romans, qui forment un tout et sont plus connus sous le nom de Cycle des 4 Saisons : Passé parfait (hiver), Vents de Carême (printemps), Electre à La Havane (été) et le bien nommé L’Automne à Cuba. Mais l’inspecteur Conde reviendra finalement pour d’autres enqêtes, Padura s’étant trop attaché au personnage. Et on le comprend !
Si sa dernière intervention a permis d'éviter à l’Écosse un attentat meurtrier, l'agent Angélique de Xavia est loin de s'en être complètement remise, la méfiance de ses ingrats de supérieurs s'ajoutant au classique stress post-traumatique. Essayant tant bien que mal de décompresser devant un bon vieux match des Rangers, elle est rappelée en urgence pour tenter de démêler une prise d'otages. Le jour de ses 30 ans. Vie de... Sauf qu'une fois infiltrée dans la banque prise pour cible, la rencontre avec le chef de ces drôles de braqueurs qui jouent du Beckett pour distraire leurs otages va prendre un tour inattendue. Gentleman cambrioleur et tueur à gages, baron de la drogue californien et patron de la pègre écossaise se sont en effet donnés rendez-vous à Glasgow, et le cirque ne fait que commencer.
S'il nous invite à assister à une joyeuse pagaille (certes ponctuée de meurtres sordides, mais bref), Christopher Brookmyre n'oublient pas d'étoffer ses personnages aussi attachants qu'étonnants, à la fois plus grands que nature et terriblement humains. Et à mesure que la situation échappe de plus en plus au contrôle des protagonistes, on ne peut s’empêcher de jubiler devant la maitrise constante de leur créateur.
A peine sorti de taule, l’ancien privé Max Mingus est contacté par un milliardaire pour retrouver son fils, disparu depuis déjà deux ans. La paye est plus que bonne, seulement voilà : le petit a été enlevé à Haïti, quelques jours avant l’invasion américaine. Max s’attend donc au pire, et pourtant il est très loin du compte... Ni sa carrière de flic dans les pires quartiers de Miami, ni ses années à poursuivre les kidnappeurs et les pédophiles en tant que détective privé, ni même sa longue peine de prison ne pouvait préparer Max Mingus à ce à quoi il allait être confronté en remontant péniblement la piste à demi effacée du fils de son client.
Amené à plusieurs reprises à séjourner longuement sur l’île dans la famille de sa mère, Nick Stone nous immerge crûment dans une Haïti des années 90 encore loin d’être remise des sanglantes années Duvalier, gangrénée par une pauvreté et une violence sans équivalent. Peuplé, voire hanté de chefs de gangs terrifiants, d’hommes d’affaires corrompus, de militaires brutaux, de gamins impitoyables et de prêtres vaudous ambivalents, ce roman passionnant nous force aussi à regarder en face un des endroits les plus meurtris de la planète, soulevant de nombreuses indignations... et interrogations.
Au croisement de l’Arizona, du Colorado, du Nouveau-Mexique et de l’Utah se trouve la région des «Four Corners», qui abrite la plus grande réserve indienne des Etats-Unis. Quant aux crimes commis sur ce territoire, essentiellement peuplée par les Navajos, ils sont la chasse gardée de la Police Tribale. Dans ses rangs, Joe Leaphorn, lieutenant vieillissant aussi brillant que cartésien ; et Jim Chee, jeune inspecteur impulsif qui aspire à devenir shaman malgré son éducation américaine.
S’il est souvent présenté comme l’héritier d’Arthur Upfield, pour beaucoup Tony Hillerman surpasse allégrement son prédécesseur. Littéralement tombé amoureux d’un peuple et d’une région, sa plume réussit parfaitement à nous transmettre son attachement sans pour autant sacrifier sa lucidité envers les nombreux maux qui accablent les réserves indiennes. Sur les pas de Leaphorn et Chee, nous découvrons au fil des enquêtes des coutumes, des paysages, mais surtout des personnages profondément humains, à commencer bien sûr par nos deux détectives, dont la collaboration est traitée de manière particulièrement intéressante.
Depuis qu’elle a déniché, ado, le mythique livre Détection, suite obscure de formules mystico-philosophiques sur le noble métier de détective, Claire n’a plus voulu devenir autre chose. Après avoir appris le métier auprès des plus grands (et des plus excentriques), elle applique ses méthodes aux innombrables énigmes qui viennent à sa rencontre, identifiant les indices les plus improbables pour se rapprocher de la sacro-sainte vérité. Mais Claire mène ses enquêtes dans les Etats-Unis du XXIème siècle ; et parfois, souvent, elle se retrouve à enquêter sur des meurtres sordides, des disparitions insolubles, des règlements de compte banals... Y a-t-il toujours une place dans ce monde pour un vrai Détective ? La question ne se pose peut être pas car, après tout, Claire obtient toujours des résultats. Presque toujours.
Qu’obtient-on en confrontant un Grand Détective à la Sherlock Holmes à des enquêtes dignes d’un Privé hard-boiled à la Sam Spade ? Un roman étonnamment moderne, frais, sachant se montrer tour à tour drôle et émouvant. Et une héroïne à la vie en miettes qui, malgré les énigmes personnelles sans solution ou, pire encore, sans mystère, refuse de sacrifier ses (dés)illusions de détective de roman à la triste réalité du crime.
Un simple doublon dans les archives criminelles de la Ville, les bien-nommées Catacombes, suffira pour que leur trop méticuleux archiviste commence à remonter le premier fil de ce qui va s’avérer une toile aux ramifications complexes, qui ne va pas tarder à attirer dans ses filets un journaliste entreprenant et un privé aux fréquentations douteuses. Leurs investigations parallèles vont, au gré des témoins, des menaces et des découvertes, constituer les trames entremêlées de cette enquête à la construction magistrale, véritable quintessence du roman noir américain de l’Age d’Or. Tout y est, les archétypes inusables, les lieux emblématiques, les scènes cultes. Et pourtant, si tous les ingrédients classiques sont bien là, le résultat est loin d’avoir un goût de réchauffé ; on est plutôt ici face à un roman qu’on pourrait qualifier de Néo-Classique, Ball ne se contentant pas de rendre hommage, mais ayant parfaitement compris et digéré ses influences pour mieux les réutiliser.