Lorsque l'on charge Joe, détective privé réfugié en Chine, de mettre la main sur Mike Longshott, il ignore tout de cet auteur de romans d'espionnage à sensations. Il n'a jamais entendu parler non plus de son personnage principal, un terroriste imaginaire nommé Oussama Ben Laden...
De Paris à Kaboul en passant par New York, au fil des indices et des rencontres, l'Histoire et la Réalité même sont remises en question tandis que le polar glisse imperceptiblement vers la science-fiction. Passionnant, dérangeant et surtout superbement écrit.
Ces années noires, ou plutôt ces années de sel et de riz si l’on en croit le titre original, ce sont celles qui ont suivies la quasi extinction des populations européennes, décimées par une épidémie de Peste Noire qui dans cette histoire alternative ne s’est pas contentée d’en emporter "seulement" la moitié. A partir de ce point de divergence aux conséquences dantesques, Robinson va, au fil des réincarnations de ses personnages, pousser l’uchronie beaucoup plus loin que la grande majorité de ses confrères, déroulant plusieurs siècles d’une nouvelle Histoire à l’échelle de toute la planète. Mais si l’on ne peut que saluer l’érudition et l’ingéniosité considérables qu’a nécessité cette ambitieuse uchronie, ce sont les nombreuses scènes extraordinaires qu’elle permet, sublimées par le talent de conteur de son auteur, qui resteront longtemps dans la tête du lecteur.
1982, le grand auteur américain Philip K. Dick vient de mourir. Mais s’il était surtout reconnu pour ses grands romans de critique sociale, il avait également écrit des récits beaucoup plus étranges, diffusés sous le manteau pour échapper au contrôle omniprésent de l’administration Nixon. Et un des dépositaires de ces textes prohibés va voir toute sa vie, voire sa réalité, bouleversée par des contacts avec le résidu de l’âme de Dick...
La pseudo-uchronie, le fascisme, mais aussi ces personnages de losers ordinaires pris dans une intrigue politique et peut-être cosmique, on pense immédiatement au Maître du Haut-Château. Mais à mesure que l’on s’enfonce dans le roman, ce sont toutes les œuvres de Dick qui nous viennent à l’esprit, car Michael Bishop ne nous propose pas un banal pastiche, ni même un hommage. Il a tout simplement compris l’essence même du travail de l’auteur, de ses thèmes, de ses constantes et de ses paradoxes. Et il en tire une uchronie politique brillante, déjà passionnante en elle-même (et résonnant de manière inquiétante avec les Etats-Unis actuels) mais encore enrichie par l’apport parfaitement digéré de l’influence Dickienne.